e l i s a b e t h c e l l e
l'effeuille temps et autres travaux
Plis de gris
encres sur papier de riz et coton. 51X36 cm.
Texte "Les Cilaires" elisabeth celle
Ils ont les paupières trouées pour mieux voir yeux fermés.
Parfois en fin de journée, ils cherchent l'ombre étendue d'une rue désertée et s'agglutinent, là, serrés, l'un contre et dans l'autre, suçant le frais de tout leur être.
Ils se deviennent dans l'obscurité.
L'écrasante lumière d'été leur anéantit toute velléité de faire quoi que ce soit de précis.
Ils se laissent exister et s'affolent à mirer toutes les nuances d'être qu'ils peuvent en une seule journée miroiter.
Ils sont torrents, rivières, flaques, estuaires, doutes en flux continu ou piscines d'eau de mer...
Ce sont des êtres contradictoires ; ils cherchent la lumière sans pouvoir longtemps la supporter.
Estivalés du dedans, ils aiment tant l'obscurité, les lacs sombres, les brouillards épais qui floutent tout et gomment les contours serrés.
Ils hument le dessin confus de paysages entraperçus à travers
la trame lin de brumes maltaises.
Le « noun » d'écume.
Ils ne savent plus vouloir, préférant errer en lisière de passage pour cueillir ce qui vient en partage et se laisser le boire à plein...
Puis dormir, dormir, dormir de plaisir, pour mieux se souvenir.
Rêver jusqu'à ne plus pouvoir démêler les images, ni qui fait quoi, ni moi ni toi.
Sœurs et frères jusqu'à la dissolution dans un espace de cœur qui se régénère sans heurts...
Le monde s'infinit quand ils imagin'errent.
Une clairière de mer sous chaque pierre et le chemin
se déroule et s'expand.
Peter pend sa fixité par le collet et s'en va gambader
sur les eaux du moment.
Pas besoin de sextant ni de faire le point, l'horizon
se déplace à l'envi et des mondes se déplient
sous leurs pas délicats.
Le cycle spirale et s'agrandit, se déforme et reforme autrement, autres temps,
reformulant jusqu'à la fin des nombres
des formules de vie aux fumets exaltants qui se commencent
sans recommencement.